
En 1984, le livre de Joan Peters intitulé «From Time Immemorial» («Depuis la nuit des temps»), avait pour thèse centrale que la population arabe en Palestine est essentiellement le fruit d’une immigration arabe vers ce pays, durant la première moitié du 19ème siècle, et par conséquent, qu’il n’y a jamais eu réellement, d’un point de vue historique, un peuple connu sous le nom de «peuple palestinien». Selon Joan Peters, les Arabes en Palestine ne sont en fait que des immigrés venus de différents pays de la région attirés par le besoin en main d’œuvre qu’avait engendré le «projet sioniste» de reconstruction du pays. Et il étaie cet argument de statistiques démographiques et de comptes-rendus contemporains, qui n’ont pas été remis en cause par les chercheurs et les historiens.
Bien au contraire, ces analyses démographiques et historiques ont été authentifiés par Philip M. Hauser, un éminent professeur de l’Université de Chicago et par de nombreux autres témoignages d’historiens connus. Du reste, deux siècles plus tôt, en 1714 précisément, Hadriani Relandi, géographe et philologue hollandais avait publié un livre référence : «Palestina ex Monumentis veteribus illustrata» au sein duquel il relate sa visite d’étude en Palestine en 1695. Il y fait ce compte-rendu sans appel : «un pays quasiment dépeuplé, en majorité juive, avec une minorité chrétienne, habitait les villes de Jérusalem, Akko, Safed, Jaffa, Tibériade et Gaza. Les musulmans constituant une infime minorité, pour la plupart des bédouins nomades».

L’étude menée par Hadriani Relandi, qui était du reste le fils d’un pasteur protestant, avait pour objectif de recenser plus de 2500 lieux (villes et villages) apparaissant dans le texte du Tanah ou de la Michna, dans leur appellation originelle. Il opère ainsi un incroyable recensement qui nous permet d’avoir une image complète de la situation en terre de Palestine à cette époque. Il en ressort très clairement que :
- La grande majorité des villes ou villages de Palestine possédait à cette époque un nom hébreu, quelques-uns en Grec ou Latin-Romain.
Pratiquement aucune ville qui possède aujourd’hui un nom en arabe, n’en possédait à l’époque : ni Haïfa, ni Yafo, ni Naplouse (Shichem), Gaza ou Djénine.
- En 1696, Ramallah s’appelle «Beteïlé» (du nom hébreu : Bet El). Et Hevron s’appelait déjà Hevron.
- En 1696, la plupart des villes étaient composées de Juifs, à l’exception de Naplouse (Sichem) qui comptait 120 personnes issues d’un même famille, les «Natashe», ainsi que 70 samaritains.
- A Jérusalem, il y avait plus de 5000 habitants, dont la plus grande majorité est juive, et il y a également quelques chrétiens. Relandi parle de la présence de quelques familles bédouines musulmanes isolées, composées d’ouvriers temporaires saisonniers, dans les domaines de l’Agriculture ou de la construction.
- Nazareth, en Galilée, était une ville entièrement chrétienne. Il y recense 700 chrétiens.
- Tibériade et Safed étaient des localités juives, qui vivaient essentiellement de la pêche, grâce au Lac de Tibériade.
- A Gaza, il y avait environ 550 résidents : 50% de Juifs et 50% de chrétiens ! Les Juifs étaient essentiellement spécialisés dans l’Agriculture : la vigne, les olives et le blé. Les chrétiens s’occupaient davantage de commerce et du transport des différents produits de la région.
- La ville de Oum El Fahem était complètement chrétienne.
Par ailleurs, d’autres historiens mentionneront, à l’instar de Joan Peters, que l’immigration massive d’Arabes dans ce pays, en provenance de diverses provinces de l’empire Ottoman, a été causé par l’attraction de l’essor économique sans précédent engendrée par l’immigration juive sioniste-pionnière en terre d’Israël, à partir de 1881 et qui n’a eu de cesse ensuite de s’amplifier. C’est donc en toute logique que la Société des Nations (l’unique source de légitimité internationale avant la création de l’ONU) a déclaré en avril 1920 que la Palestine était le lieu désigné pour l’existence d’un Foyer National Juif «compte-tenu des liens historiques du peuple juif avec la Palestine». En 1948, lorsque les Nations Unies (ONU) vont officialiser la création de l’Etat d’Israël, il n’existait alors aucun mouvement visant à créer un «Etat Palestinien». Personne ne parlait encore de «nation palestinienne».

D’ailleurs, autre marqueur historique important, l’Association France-Palestine, qui avait été fondée en 1926 pour défendre les «droits imprescriptibles de la nation juive sur son Foyer National», et qui réunissait diverses personnalités politiques comme Raymond Poincaré ou Aristide Briand, changera de nom en 1948 pour devenir l’Association France-Israël. Ce changement de nom illustre une réalité historique que beaucoup ignorent aujourd’hui : pendant des décennies, les «Palestiniens» était les Juifs et la «cause palestinienne» était la «cause sioniste».
Mais tous les faits historiques n’ont pas résisté à l’émergence d’un mythe moderne visant à défendre la cause du «peuple palestinien» et revendiquant le droit de ce peuple à posséder son propre Etat à partir de la deuxième moitié des années 1960. A partir de cette période, le projet sioniste va être ainsi vivement combattu par la propagande arabe, car les leaders arabo-musulmans considéraient dès lors qu’il était impensable que les Juifs puissent être souverains en «Terre d’Islam». Et cette instrumentalisation du «peuple palestinien» va s’intensifier après la guerre des six jours (1967). Ce peuple soudainement inventé va devenir la cause et le fer de lance du monde arabo-islamique pour lutter contre l’Etat d’Israël et l’existence même du peuple juif.
L’émergence du «nationalisme arabe palestinien» est étroitement lie aux trois grands totalitarismes du 20ème siècle :
- Le mouvement islamiste des Frères Musulmans, qui ont exploité la cause de la Palestine arabe, avec l’aide du père fondateur du mouvement national palestinien, le grand mufti Amin Al-Husseini
- L’Allemagne nazie, qui s’est servie du nationalisme arabo-musulman, pour combattre ses deux ennemis irréductibles : l’Angleterre et les Juifs
- L’URSS et ses divers satellites, qui a joué un rôle décisif pour promouvoir la cause palestinienne et transformer l’OLP, organisation relativement marginale dirigée par Ahmed Choukairy, en «représentant légitime du peuple palestinien». Selon Ion Pacepa, ancien conseiller de Ceaucescu, c’est le KGB qui fut à l’origine de la création de l’OLP et du personnage même de Yasser Arafat. Dans son livre «The Kremlin Legacy», Ion Pacepa raconte qu’un jour de 1964, «nous avons été convoqués à une réunion conjointe du KGB, à Moscou. Il s’agissait de redéfinir la lutte contre Israël, considéré comme un allié de l’Occident». En effet, la guerre arabe pour la destruction d’Israël n’était pas susceptible d’attirer beaucoup de soutiens dans les «mouvements pour la paix», satellites de l’URSS. Il fallait donc redéfinir cette lutte. L’époque était aux «luttes de libération nationale». La stratégie sera donc ainsi définie : il s’agira désormais de lutter pour la libération du «peuple palestinien». Et c’est ainsi qu’est née l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine). Des membres des services syriens et des services égyptiens y ont participé. Les Syriens ont alors proposé Ahmed Choukairy pour en prendre la tête. Et quand il est apparu qu’il ne faisait pas l’affaire, les Egyptiens ont alors proposé de le remplacer par un certain Yasser Arafat. Ion Pacepa dira alors que Arafat a été façonné avec un costume de Che Guevara moyen-oriental en vue de «séduire nos militants et nos relais en Europe». Arafat sera alors érigé en véritable homme d’Etat et la communauté internationale soutiendra ses efforts. La stratégie aura été brillante, puisque 50 ans après la création de l’OLP, plus personne ne se souvient aujourd’hui que les «Palestiniens» étaient autrefois les «Juifs».

Cette invention du «peuple palestinien» avait d’ailleurs été clairement reconnu par Zouheir Mohsen, leader de la Saïka (composante pro-Syrienne de l’OLP), dans une déclaration le journal néerlandais Trouw en mars 1977 : «Le peuple palestinien n’existe pas. La création d’un Etat palestinien n’est qu’un moyen de poursuivre notre lutte contre l’Etat d’Israël pour notre unité arabe. En réalité, aujourd’hui, il n’y a pas de différence entre Jordaniens, Palestiniens, Syriens et Libanais. C’est uniquement pour des raisons tactiques et politiciennes que nous parlons d’un peuple palestinien, puisque les intérêts nationaux arabes sont mieux servis par l’existence d’un peuple palestinien distinct opposable au sionisme. Pour des raisons tactiques, la Jordanie, qui est un Etat souverain avec des frontières délimitées, ne peut pas avoir des prétentions sur Haïfa, Jaffa, Beersheva ou Jérusalem, alors qu’en tant qu’arabe palestinien, j’ai indubitablement le droit de l’affirmer. Mais au moment même où nous recouvrerons nos droits sur l’ensemble de la Palestine, nous n’attendrons pas une minute pour réunir la Palestine à la Jordanie».
L’invention politique de la Palestine : une mystification territoriale, dénominative et cartographique
De nos jours, les militants pro-palestiniens accusent Israël d’avoir grignoté, depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui, les «territoires palestiniens», et certains n’hésitent pas à utiliser des cartographies comparatives de 1945 à 2010 pour démontrer la colonisation inacceptable des Juifs au détriment du «peuple palestinien». Une imposture totale !

En effet, il est nécessaire de rappeler que :
- L’occupation de certains territoires par Israël résulte de l’agression d’Israël par différentes entités arabo-musulmanes, qui ont failli dans leur tentative de destruction de l’Etat Hébreu. Il ne s’agit donc pas d’une occupation de conquête, mais d’une occupation de défense de facto ! C’est l’une des raisons pour laquelle, Israël se refuse toujours à l’idée de créer un Etat palestinien qui lui serait accolé et qui partagerait Jérusalem en deux, pour des raisons sécuritaires évidentes. Et de toute évidence, la création d’un Etat palestinien ne mettrait pas un terme au projet de destruction d’Israël par les mouvances islamistes internationales. Ce serait simplement une 1ère étape à leur projet antisémite.
- Par ailleurs, les territoires qu’Israël a occupé après avoir repoussé leurs agresseurs, possèdent une histoire juridique. Ils n’ont jamais appartenu à un «Etat palestinien», puisqu’il n’en a jamais existé! Jusqu’aux années 60, l’adjectif «palestinien» désignait avant tous les Juifs. Le mot «Palestine» possédait un sens géographique et désignait un territoire promis aux Juifs par la Déclaration Balfour, avant d’être manipulé pour prendre un sens politique où on lui fait désigner un peuple. Cette mutation sémantique constitue une mystification responsable de la mise en place d’une mythologie de la spoliation. Le mensonge historique est extrêmement profond lorsque certains médias militants et réseaux sociaux diffusent des cartes pour évoquer l’histoire des frontières. Certains n’hésitent pas à légender l’évolution des frontières, de 1945 à nos jours, entre les «territoires palestiniens» et les «territoires israéliens», en vue de prouver une spoliation graduelle par Israël des «territoires palestiniens». Il s’agit d’un véritable révisionnisme, puisqu’en 1945, il n’existait pas de «territoires palestiniens» et de «territoires israéliens», puisque l’ensemble du territoire était sous mandat britannique. Sur ces cartes que certains diffusent intentionnellement : «on remarque, entre autres confusions dénominatives, que la première carte porte la mention ‘’zones de peuplement’’, pour présenter un plan de partition qui n’a jamais été appliqué, tandis que les autres suivantes semblent indiquer des délimitations de souveraineté. L’incohérence des légendes cartographiques confond peuplements et entités politiques, frontières potentielles (plan de partition) et frontières réelles : ces cartes ne représentent jamais la même chose, ce qui leur permet de faire disparaître les Arabes de Palestine des cartes pour démontrer une spoliation, alors qu’ils vivent, bien sûr, en Israël, dont ils constituent 20% de la population. Une cartographie conceptuellement rigoureuse ferait apparaître non pas une diminution de surface de territoires palestiniens, mais leur absence totale en 1947, et leur apparition radicalement inédite en 1993, grâce aux accords d’Oslo, fruit des négociations avec Israël», explique Jean Szlamowicz.
- Créer une entité de manière rétroactive modifie la valeur des termes contemporains. Dire «Palestinien» aujourd’hui, c’est accréditer l’idée d’une entité historique et donc d’une dépossession dont Israël serait l’auteur. L’anachronisme dénominatif de ces cartes consiste à partir, à rebours, de la revendication contemporaine d’une «Palestine» qui serait arabo-musulmane. A l’époque, Palestine désigne tout le territoire dans son ensemble, et dans l’usage, «Palestinien» renvoyait surtout culturellement, à la présence juive en Palestine. A titre de témoin de cette évolution sémantique, la notule du dictionnaire Larousse de 1925 pour le nom «Palestine» comprend l’indication suivante : «PALESTINE : contrée de la Syrie, entre la Phénicie du Nord, la mer morte au Sud, la Méditerranée à l’ouest et le désert de Syrie à l’est, arrosé par le Jourdain. C’est une bande de terre étroite, resserrée entre la mer, le Liban et parcourue par le Jourdain, qui s’y jette dans la mer morte. C’est aujourd’hui un Etat juif sous le mandant de l’Angleterre ; 770.000 habitants. Capitale : Jérusalem». Dans l’édition du Larousse de 1934, le drapeau de la Palestine est bleu et blanc, avec le Magen David au centre. Par ailleurs, voici les titres de la presse en 1948, donnant au nom «Palestine» un sens purement géographique : le journal parisien l’intransigeant : «Les Arabes envahissent la Palestine» ; Le Soir, journal Belge : «Les troupes arabes envahissent la Palestine» (16 mai 1948) ; L’Humanité parle du «gouvernement juif de Palestine» (15 mai 1948) ; Paris Presse titre : «Les forces arabes coalisées envahissent la Palestine» (16-17 mai 1948) ; Le Figaro constate : «Les troupes arabes franchissent les frontières de la Palestine» (15 mai 1948).
- L’UNRWA, l’agence dévolue aux «réfugiés palestiniens», définit ces réfugiés comme une «personne dont le lieu de résidence normal était la Palestine, pendant au moins 2 ans avant le conflit de 1948, et qui, en conséquence de ce conflit, a perdu à la fois son foyer et ses moyens d’existence». On remarque donc que l’ancienneté territoriale est très récente et permet ainsi d’inclure les très nombreux Arabes d’Egypte, d’Irak etc. qui étaient venu s’installer en Palestine pour profiter du développement impulsé par le «projet sioniste». C’était d’ailleurs le constat enthousiaste de nombreux dirigeants arabes de l’époque qui voyaient d’un bon œil le développement économique apporté par les pionniers juifs. Contrairement à l’essentialisation dénominative provoquée de manière trouble par le mot «Palestinien», la population arabe ainsi désignée n’est donc pas, pour une immense majorité, une population autochtone.
- L’outil Ngram viewer de google books, permet de remarquer un autre fait objectif : le mot «palestinien» est quasi-inexistant dans leur base de données (qui est l’une des plus importantes au monde) jusqu’aux années 20, apparaît faiblement vers 1945 et monte brusquement en flèche à partir de 1964, ce qui correspond exactement à la décision soviétique de soutenir la création de l’OLP afin d’utiliser la stratégie du «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», dans le cadre de la guerre froide pour s’en prendre au bloc de l’ouest, par l’intermédiaire d’Israël, considéré comme un satellite américain.
Paul OHLOTT
La carte suivante propose une autre lecture de la situation historique en 1947 :

Bibliographie
- HOROWITZ David, «Comment le peuple palestinien fut inventé» (Ed. David Reinharc, 2011)
- LURCAT Piere, «Le KGB et l’invention du peuple palestinien» (Article Menora.Info, 05/10/2021)
- PETERS Joan, «From Time Immemorial» (1984)
- RELANDI Hadriana, «Palaestina ex Monumentis veteribus Illustrata» (1714)
- SZLAMOWICZ Jean, «L’invention politique de la Palestine : une mystification territoriale, dénominative et cartographique» (Article Perditions-Idéologiques, 19/06/2020)